RESUMER DE L'EVENEMENT
Nous avons décidé d'organiser cette conférence pour attirer l'attention du peuple de Guinée sur le fait que chaque Guinéen, où qu'il soit : dans la capitale ou à l'intérieur, en ville ou en rage campagne ; qui qu'il soit dirigeant ou dirigé, femme ou homme, enfant ou grand, jeune ou vieux, a sa partition à jouer pour le développement social, politique et économique de la maison commune qu'est la Guinée et que les enseignants ont un grand rôle à jouer pour la construction d'une Guinée nouvelle
DESCRIPTION DE L'EVENEMENT
CONFERENCE DE PRESSE
Thème : Nos écoles, source et solution à nos problèmes
Conférencier : M. Mazoughou Goépogui, enseignant chercheur.
Mes dames et messieurs, distingués invités, chers journalistes bonjour !
A quelques jours de l’ouverture des classes en république de Guinée, j’ai décidé d’organiser cette conférence pour attirer l’attention de l’opinion publique sur le rôle crucial de l’école dans le processus de construction d’une Nation forte.
A travers cette conférence qui a pour thème : Nos écoles, source et solution à nos problèmes je veux échanger avec vous sur ma ferme conviction selon laquelle l’école est à la fois cause et remède à tous les maux dont souffre la société guinéenne d’aujourd’hui.
Pour moi, contrairement à ce que pensent beaucoup de personnes, le problème de la Guinée n’est pas lié à ses dirigeants mais à son école, car les dirigeants dirigent en fonction de l’éducation qu’ils auront reçu à l’école. L’école est l’atelier où on moule les citoyens et les dirigeants de demain. Et l’acteur principal de cet atelier c’est l’enseignant. Alors si nous estimons que depuis l’indépendance jusqu’à nos jours nous n’avons pas eu de bons dirigeants, c’est la preuve que les enseignants n’ont pas encore pleinement assumé leur responsabilité.
Pour être plus explicite, je vais accentuer mon intervention sur deux points :
- La vision de l’école
- La mission de l’école
Quelle est la vision de l’école ? La réponse à cette question permet de définir le type de Nation que nous voulons construire, le type de société dans laquelle nous voulons vivre.
- Voulons-nous vivre dans une société où la justice est la boussole qui régule les actions de chaque citoyen, ou bien une société où la raison du plus fort est toujours la meilleure ?
- Voulons-nous construire une Nation où les biens et services nécessaires à la satisfaction des besoins de sa société sont importées de l’extérieur ou bien une Nation capable de produire les biens et services nécessaires à la satisfaction des besoins de sa société ?
- Voulons-nous construire une Nation puissante qui volera au secours des plus nécessiteux ou bien une petite Nation qui comptera toujours sur l’aide extérieur pour survivre ?
Dans une société bien organisée, c’est l’école qui doit répondre à ces questions. Car la société dans laquelle nous vivons est fonction du système de gouvernance mise en place. Et ce système de gouvernance est fonction de la capacité intellectuelle des gouvernants et des gouvernés. Cette capacité intellectuelle est fonction de l’éducation reçue à l’école.
Une fois la vision de l’école clairement définie et connue de tous, il importe maintenant de définir les voix et moyens nécessaires à l’atteinte de ces objectifs. C’est là que nous parlerons de la mission de l’école, ce qui me permet d’attaquer le 2ème point de cette conférence.
Aujourd’hui, on a l’impression qu’en Guinée l’école a pour mission principale de donner des diplômes aux apprenants afin de leur permettre d’occuper des postes de responsabilité. Tout le monde veut diriger, personne ne veut travailler. Cette triste réalité est à la base non seulement des querelles intestines au sein de l’administration, mais aussi du désordre politique que nous vivons actuellement.
Pour moi, l’école a trois principales missions :
- Transmettre le savoir
- Transmettre le savoir-faire
- Inculquer les valeurs cardinales de la société
Celui qui est chargé de l’exécution de ces trois principales missions c’est l’enseignant. Il est de la responsabilité de l’enseignant d’améliorer constamment la qualité de l’instruction qu’il transmet à ses apprenants.
Au-delà de la transmission du savoir, l’enseignant doit transmettre aussi le savoir-faire en créant un pont entre la vie et l’école. Pour réussir ce pari, il doit orienter son enseignement vers la résolution des problèmes. Comme l’a dit John Grier Hibben, ancien président de l’Université de Princeton, je cite :
« Former un homme, c’est le mettre en état de faire face à toutes les situations », fin de citation.
C’est là le véritable point faible de notre système éducatif. La valeur et la grandeur de l’enseignant guinéen devrait résider dans sa capacité à faire face à ses propres problèmes. Au lieu de cela, nous passons notre temps à nous lamenter sur notre sort.
L’une des grosses erreurs des pauvres, c’est de vouloir la richesse des riches sans être prêt à payer le prix qu’ils ont payé pour être riche. C’est normal de vouloir être soutenu comme le sont les enseignants des pays développés. Mais est ce que nous avons payé le pris qu’ils ont payé pour bénéficier de ce soutient de la part de l’Etat ?
Une fois de plus, nous devons apprendre aux élèves et étudiants à faire face aux problèmes et non à chercher perpétuellement des coupables devant un problème. Nous devons les enseigner à utiliser les connaissances acquises pour développer des solutions qui font face à un défi.
Pour que tous ces efforts soient couronnés de succès, nous ne devrons pas perdre de vu les valeurs cardinales de la société qui sont : L’intégrité, le patriotisme, l’amour du travail, le désir de se mettre au service des autres, l’estime de soi, etc.
Transmettre le savoir et le savoir-faire sans ces valeurs, c’est construire un immeuble sur du sable mouvant. Je voulais surtout mettre un accent particulier sur l’estime de soi. Le discours de Nicolas Sarkozy a Dakar a été une grande source d’inspiration pour moi. Dans ce discours, il a dit, je cite : « La colonisation a tué chez l’africain l’estime de soi, la confiance en soi », fin de citation.
Ce complexe d’infériorité étouffe notre génie créateur et nous empêche de voir grand. Pourtant, pour être une grande Nation, nous devons rêver grand, nous devons nous voir grand, nous devons donner du sens à la formation acquise dans nos écoles en faisant confiance aux personnes que nous formons.
Faire confiance à nos diplômés, c’est consommer les solutions qu’ils développent. Si non, comme l’a dit le Professeur Bano, ancien ministre de l’enseignement pré-universitaire, la Guinée est en train de devenir une colonie des anciennes colonies françaises de l’Afrique de l’Ouest. Il suffit de regarder la tête des grandes entreprises installées en Guinée pour s’en convaincre.
Pourtant, nous avons actuellement la chance d’avoir une jeunesse plus entrepreneuriale. Il suffit d’assister au salon de l’entrepreneuriat ou à la semaine du numérique pour comprendre la grandeur du génie créateur de notre jeunesse.
Parmi les lauréats des différentes éditions de la Semaine du Numérique, les lauréats des différentes éditions du salon de l’entrepreneuriat, les lauréats des différentes éditions du Prix Orange de l’Entrepreneuriat Social, il y a au moins 5 projets liés à la formation en ligne. Malgré tout, le MENA est sur le point de déployer dans les écoles publiques une plateforme de formation en ligne importée de l’extérieur.
A plusieurs reprises l’Institut de Mamou a prouvé qu’elle est capable de concevoir des feux de croisement routier, mais jusqu’à présent les feux de croisement routier installés dans nos carrefours sont importés de l’extérieur.
Nous avons plusieurs départements de génie informatique à travers le pays, mais jusqu’à présent l’administration public dans sa grande majorité utilise des solutions informatiques importées de l’extérieur. Même les 3 ministères en charge de l’éducation ne font pas exception. Pourtant, ces ministères devraient plutôt être les véritables promoteurs des compétences qu’elles ont développées.
A Boké, on forme les ingénieurs de mines, mais le rêve des diplômés qui y sortent se limite essentiellement à vouloir travailler dans les grandes entreprises minières. Peu, pour ne pas dire personne, ne rêve construire une entreprise minière plus puissante que la CBG.
Tout cela est dû au fait que les enseignants n’intègrent pas dans leur pédagogie la culture de l’estime de soi et la confiance en soi. Nous devons faire comprendre aux guinéens que nous ne n’allons pas passer tout le reste de notre vie à applaudir les autres. A un moment donné, nous devons chercher à nous faire applaudir par les autres aussi.
Et je pense que la nouvelle génération est entrain de prendre conscience progressivement. Car malgré tout ce que nous pouvons reprocher à notre système éducatif, nous avons aujourd’hui des guinéens qui sont bien formés, des guinéens qui développent des solutions, des guinéens qui ont foi en l’avenir du pays et qui font confiance à d’autres guinéens. Et je pense que ce sont ces genres de comportement qu’il faut encourager et promouvoir. C’est là que la presse a un grand rôle à jouer. La presse, en plus de sa mission d’information, doit aussi aider le peuple à regarder dans la bonne direction.
Ainsi, à la lumière de ce qui précède, on comprend aisément qu’une éducation de qualité participe à une meilleure compréhension des enjeux politiques et économiques d’un pays et permet à chacun de s’impliquer dans la société et d’accompagner l’évolution du pays vers un développement économique et une stabilité politique.
Et pour réussir ce pari, l’école doit être au cœur de toutes les politiques de recherche de solution. L’enseignant doit assumer pleinement sa responsabilité. Pour assumer cette responsabilité, il doit se soustraire de la pression financière. Et pour se soustraire de cette pression financière, la recette est simple, il doit étudier, pratiquer et enseigner.
C'est pourquoi, en tant qu’enseignant, nous avons pensé à mettre en place la plateforme éducative Magoé Education non seulement pour permettre à chaque enfant de recevoir une éducation de qualité, mais aussi aider les enseignants à pratiquer ce qu’ils enseignent et ensuite les aider également à se faire des sources de revenu supplémentaire.
Une fois de plus, nous ne cesserons jamais de le rappelé, si nous voulons que les choses changent, changeons notre système éducatif. Et si nous voulons donner du sens à notre système éducatif, nous devons faire confiance aux personnes que nous formons.
Pour ne pas trop abuser du temps, j’ai dû condenser mon intervention. Je suis donc à votre écoute pour d’éventuelles questions d’éclaircissement ou d’éventuelles suggestions.
L’éducation change le monde, changeons la notre ensemble. Merci pour votre écoute.