La Chine ne veut plus de PC étrangers pour son administration
L’administration chinoise entend passer un immense coup de balai dans son parc informatique d’ici les deux prochaines années. L’objectif de ce grand chambardement, comme le rapporte Bloomberg au début du mois de mai ? Écarter les ordinateurs étrangers au profit de solutions nationales, sur fond d’enjeux d’autonomie, de géopolitique et d’espionnage.
Le programme d’exclusion de matériel dont il est question est considérable : on parle du renouvellement dans un délai relativement court d’au moins 50 millions d’ordinateurs au sein des grandes administrations, mais aussi dans les échelons étatiques inférieurs, ainsi que dans certaines sociétés ayant des liens très étroits avec l’appareil d’état chinois.
En parallèle des grandes manœuvres du côté des PC, il est aussi question de se passer des systèmes d’exploitation occidentaux, à savoir Windows. Le système d’exploitation de Microsoft doit être écarté, au profit de solutions basées sur Linux, un OS libre. Le mouvement n’est pas récent : cela fait des années que des échos de ce type sortent de Chine pour écarter Windows.
De fait, ce sont les grands fabricants de PC américains qui vont accuser le coup. Les marques comme HP et Dell pourront toujours opérer en Chine, et vendre auprès des particuliers comme des entreprises privées, mais la taille de leur marché se réduit. À l’inverse, cela offre un boulevard pour les constructeurs locaux, que ce soit Lenovo, Huawei ou Inspur.
La Chine accentue son autonomie dans la tech
La réorientation du parc informatique de l’État chinois, qui touche aussi l’emploi des logiciels, est à remettre dans un double contexte : celui de l’embargo qui frappe Huawei aux États-Unis, ce qui l’a mis en grande difficulté en Occident, et celui de la difficulté d’approvisionnement en composants électroniques, qui met tout le marché en tension.
Les problèmes qui touchent toute l’industrie depuis deux ans sont en effet de nature à contrarier le plan de Beijing d’accroitre l’autonomie du secteur public en matière technologique, aussi bien sur les plans matériel et logiciel. Le pays pourrait se heurter à des obstacles pour tenir son plan en temps et en heure, et avec l’ampleur désirée.
L’indépendance que cherche manifestement à avoir la Chine en informatique conserve toutefois encore quelques angles morts, du moins à court et moyen terme. En effet, même si le pays fait appel à des fabricants chinois et utilise des logiciels chinois ou adaptés, certains composants restent sous maîtrise étrangère — Intel, AMD, Nvidia, ARM, Samsung, LG, etc.
On sait que la Chine est très dépendante d’approvisionnements extérieurs, tout particulièrement pour certaines technologies de pointe. Certes, Beijing s’efforce de faire éclore une industrie de semi-conducteurs capable de rivaliser avec les ténors du genre, mais elle a encore une à deux générations de retard. Cela s’est perçu avec les effets de l’embargo sur Huawei.
Cette décision prise par la Chine entre dans un mouvement plus vaste de lutte sur l’accès à la technologie. On en a vu des manifestations avec « le casse du siècle », où l’on a vu la filiale d’ARM en Chine prendre le large, ou encore les efforts des États-Unis pour entraver la Chine sur l’usage militaire des superordinateurs